Le 13 juillet dernier, le Parlement européen a adopté un rapport contenant une série de recommandations pour lutter contre les ingérences étrangères et éviter qu’un nouveau Qatargate ne se reproduise. Alors que la réputation de l’institution a été fortement entachée par ce scandale, ce travail était essentiel pour retrouver la confiance des citoyens et renforcer la protection de la démocratie européenne. À l’issue du vote, notre eurodéputée Renew Europe Nathalie Loiseau, co-rapporteure de ce rapport, a déclaré : « Après l'électrochoc du Qatargate, et alors que la Russie, la Chine et d'autres pays essayent de pénétrer le Parlement pour nous influencer, nous venons d'adopter des propositions fortes pour imposer plus de transparence à notre Parlement et assurer une meilleure protection de notre travail contre les ennemis de la démocratie européenne ».
Accroître la transparence
Le premier volet de ce rapport vise à rendre plus transparent le travail parlementaire et à répondre à certains dysfonctionnements mis en lumière par le scandale du Qatargate. Les eurodéputés soutiennent la création d’un organe éthique européen pour contrôler l’action des membres de toutes les institutions européennes et les sanctionner si nécessaire. Ils proposent également de renforcer les règles de publication des rendez-vous lorsque des eurodéputés rencontrent des représentants de pays tiers, des lobbies ou encore des entreprises. Ils proposent enfin d’être beaucoup plus vigilants en matière de recrutements afin d’éviter des situations telles que celle de 2019, où l’on a découvert que la fille du porte-parole du Kremlin réalisait un stage au Parlement européen, auprès d’un ancien élu du Rassemblement national (RN) !
Renforcer la sécurité des institutions
Un autre volet se concentre sur le renforcement de la sécurité au sein des institutions européennes. Comme le souligne Nathalie Loiseau, spécialiste des questions internationales, la sécurité « a été un gros mot pendant des années dans ce Parlement. Nous étions censés être une institution ouverte, nous sommes devenus une institution ouverte aux intrusions néfastes ». Parmi les principales idées retenues pour mettre fin à une certaine naïveté européenne, les eurodéputés recommandent de mettre en place une habilitation de sécurité pour les membres du Parlement européen travaillant sur des dossiers sensibles, comme les affaires étrangères ou la défense. Ils souhaitent également exclure toutes les technologies d’origine russe ou chinoise au sein des institutions européennes afin de limiter les vulnérabilités.
Sanctionner toute forme d’ingérence
Le dernier volet de ce rapport aborde la question cruciale de la lutte contre les ingérences étrangères. Malgré les oppositions de l’extrême droite et de l’extrême gauche qui refusaient, comme à leur habitude, de mentionner les ingérences russes, la majorité des partis européens a tenu à dénoncer les tentatives de déstabilisation menées par Moscou. Dans ce contexte, les eurodéputés ont appelé à condamner fermement et sans équivoque toute forme d’ingérence dirigée contre l’Union européenne. Les accords de coopération avec des Etats se livrant à des actions de déstabilisation doivent être suspendus et les financements européens à destination de ces pays arrêtés. Comme l’a rappelé Nathalie Loiseau à de nombreuses reprises : « il est temps de faire entrer dans ce Parlement une culture de sécurité ». Et une première grande étape a été franchie avec l’adoption de ce rapport.