Le 7 février dernier, le Parlement européen a adopté sa position sur l’utilisation des nouvelles techniques génomiques (NTG) pour encourager le développement de variétés de plantes, plus durables et résilientes. Avec 307 voix en faveur, 236 contre et 41 abstentions, ce vote ouvre la voie à de futures négociations avec les Etats membres afin d’assouplir les règles d’autorisation pour ces végétaux. Les NTG représentent, en effet, des solutions prometteuses pour réduire l’usage de produits chimiques en agriculture et faire face au changement climatique. Sans surprise, les écologistes et l’extrême gauche, enfermés dans une posture dogmatique, ont voté contre. Fidèle à ses valeurs, Renew Europe a quant à lui soutenu ce texte, mettant en avant le rôle crucial de la science, de la recherche et l’innovation pour réaliser la transition écologique.
Les NTG ne sont pas des OGM
Ces nouvelles technologies s'appuient sur les travaux des lauréates du prix Nobel de chimie 2020 : la Française Emmanuelle Charpentier et l'Américaine Jennifer Doudna. Leur objectif est d'améliorer le rendement des variétés ou de les rendre plus robustes à certains aléas, en désactivant un gène ou en transférant des gènes issus d'une même espèce. Elles permettent ainsi de développer des variétés résistantes à la sécheresse, aux insectes ou encore à certaines maladies. Contrairement aux idées reçues et à ce que l’on a pu entendre lors des débats dans l’hémicycle de Strasbourg, les NTG ne sont pas des organismes génétiquement modifiés (OGM). A la différence des OGM, qui intègrent des informations issues d'autres espèces, les NTG n'impliquent pas d'ajout extérieur. Ces dernières présentent des modifications qui pourraient naturellement se produire dans la nature ou par le biais de croisements traditionnels.
Une approche très équilibrée
A l’instar de Jérémy Decerle, notre eurodéputé Renew Europe et agriculteur, on ne peut donc s’empêcher de regretter que « le débat politique au Parlement européen ait laissé trop de place à une assimilation trompeuse des NTG aux OGM. Cette approche a conduit une partie significative de l’hémicycle à voter contre le texte, de manière, à mon avis, très dogmatique et contraire aux intérêts du monde agricole. » Cette situation est d'autant plus regrettable lorsque l’on considère la position équilibrée du Parlement européen, conciliant un haut niveau de protection de la santé publique avec la promotion de l'innovation. Les eurodéputés ont ainsi établi une distinction entre deux types de NTG. Les NTG de « catégorie 1 » présentent un nombre restreint de mutations et bénéficieront d’un assouplissement des règles d’autorisation. Toutes les autres variétés de NTG, dites de « catégorie 2 », resteront soumises au régime d’encadrement extrêmement strict appliqué pour les OGM.
Une demande forte du monde agricole
Deux autres mesures clés sont également proposées par le Parlement européen pour prévenir toute forme de dérive, à l'image de ce qui peut être observé avec les OGM dans d'autres régions du monde. La première consiste à n’autoriser les NTG que si elles entraînent des bénéfices clairs pour l’environnement, que ce soit en réduisant l’utilisation de produits phytosanitaires ou en permettant l’adaptation des plantes au changement climatique. La seconde mesure repose sur une interdiction des brevets pour les NTG. L'objectif est d'éviter une augmentation arbitraire des coûts par les géants des semences et la création de nouvelles dépendances nuisibles pour les agriculteurs et les éleveurs. Pour toutes ces raisons, ce texte est une bonne nouvelle pour le monde agricole. Comme l’explique notre eurodéputé Pascal Canfin, il « répond à une attente importante des agriculteurs qui montre que l'Europe et le Pacte vert ne fournissent pas que des contraintes, mais aussi des solutions supplémentaires. »