Le 28 juin dernier, la Commission européenne a présenté une stratégie pour renforcer l’arsenal de l’UE afin de faire face aux menaces à sa sécurité économique. Trois ans après le début de la pandémie qui a révélé les fragilités des chaînes d’approvisionnement européennes et face à la multiplication des actions de déstabilisation économique menées par la Chine, ce texte engage les 27 capitales européennes à débattre des meilleurs moyens pour renforcer la résilience économique de l’UE. Marie-Pierre Védrenne, la vice-présidente Renew Europe de la commission du commerce international au Parlement européen, a ainsi salué la proposition de l’exécutif européen soulignant que « dans un monde de confrontation, l'UE se doit de protéger son économie, ses industries et leur savoir-faire et bâtir avec plus de vigueur son “autonomie stratégique. »
Un débat stratégique inédit au niveau européen
Cette stratégie de sécurité économique pose les bases d’un débat inédit au niveau européen. Au cours des prochains mois, les institutions européennes réaliseront une évaluation approfondie des vulnérabilités des chaînes de valeur européennes, des dangers de fuites technologiques et des risques d’instrumentalisation de nos dépendances économiques par des puissances étrangères. Cette évaluation aboutira à un renforcement des règles de filtrage des investissements étrangers dans les infrastructures européennes critiques, telles que les câbles sous-marins ou les pipelines. Des mesures pour renforcer le contrôle des exportations seront aussi examinées, non seulement pour les équipements militaires, mais aussi pour les technologies de pointe comme l’intelligence artificielle ou l’informatique quantique. Le tout afin d’éviter que les savoir-faire européens soient exploités à des fins militaires par des pays rivaux, notamment la Chine.
Un arsenal de défense économique toujours plus complet
Alors que l’UE a parfois fait preuve de naïveté devant la montée des tensions commerciales, force est de constater qu’elle a pris plusieurs initiatives ambitieuses à la suite de la pandémie de Covid-19 afin de protéger le marché européen et de renforcer sa résilience. En juin, elle a notamment mis en place un nouveau mécanisme de défense commercial – l’instrument anti-coercition – permettant de réagir rapidement et fermement en cas de chantage économique de la part d’un pays étranger. Des mesures ont également été prises pour réduire les dépendances en matière de semi-conducteurs ou de matières premières critiques, qui sont essentiels pour construire du matériel militaire et réussir la transition écologique. Avec la stratégie de sécurité économique, l’objectif est donc de compléter cet arsenal de défense économique et de ne pas laisser la Chine et les Etats-Unis dicter seuls les règles du commerce mondial.
Un changement de cap impulsé par la France et Renew Europe
Cette stratégie illustre aussi un véritable changement de cap au niveau européen. Traditionnellement, l’Allemagne et la Commission européenne ont été réticentes à adopter une approche économique plus protectrice, craignant les répercussions sur les exportations européennes et la réaction de la Chine. Mais Berlin et Bruxelles ont récemment changé de doctrine, notamment sous l’impulsion de la France et du groupe Renew Europe, qui ont fait de l’autonomie stratégique européenne une priorité depuis 2019. Bien que le diagnostic soit désormais partagé, avec des crises qui « nous ont ouvert les yeux » selon la Présidente Ursula von der Leyen, Renew Europe entend s’assurer que des mesures ambitieuses soient proposées. Marie-Pierre Védrenne a ainsi souligné que le groupe « se mobilise activement pour l'adoption d'une véritable stratégie de sécurité économique qui garantisse des conditions équitables pour nos infrastructures, nos entreprises et les Européens, et qui n'amplifie pas les dépendances critiques. » Le temps est, en effet, venu de mettre fin à une certaine naïveté européenne…